samedi 2 décembre 2006

Et ça continue encore et encore…

Le Pen tient bon. A 78 ans, le leader vieillissant du Front National a changé la forme de son discours mais le fonds reste le même. Il présentait dimanche au Bourget son programme, sans oublier un réquisitoire contre les autres candidats. Entre 6000 et 7000 militants de tous âges étaient venus acclamer leur meneur.

Le programme pour ces présidentielles reste sensiblement le même qu’en 2002 : lutte contre l’immigration, libéralisation extrême des régimes fiscaux, et priorité aux Français pour les avantages sociaux. On retrouve également le thème des frontières qu’il souhaite restaurer au sein d’une « Europe des nations ».Si l’on ajoute à cela un désir de retour de la peine de mort ou encore de retour du Franc, c’est un véritable voyage dans le passé que propose Le Pen père.

Un changement au niveau de la ligne de communication du parti se fait cependant sentir. Entraîné par le nouveau directeur de ce département choisi par sa fille Marine, le parti d’extrême droite prend, en apparence, ses distances avec les partis catholiques intégristes. Ainsi, certains sujets de société pourtant traditionnels de l’extrême droite comme l’avortement ou le Pacs, susceptibles de contrarier un électorat potentiel, restent sous couvert.

L’ami des suffragettes

Depuis qu’il s’est présenté pour la première fois en 1974, Le Pen n’a cessé d’augmenter sa part dans les suffrages. Parti d’un score insignifiant, il arrive en 2002 à près de 18% des voix au second tour des élections présidentielles. Cette inquiétante tendance amorcée depuis 1988, où il a pour la première fois dépassé la barre des 10% se confirme. A chaque élection, Le Pen gagne du terrain. Ce phénomène persiste et croît bien que les voix de l’extrême droite soient systématiquement minorées, du fait d’un électorat souvent honteux. Ce ne sont d’ailleurs que 6000 militants qui acclamaient le leader lors du grand meeting de dimanche.


Le Pen est un fédérateur. En 1972, il avait déjà réussi à rassembler en un unique parti des dizaines de groupuscules d’extrême droite aux idées différentes, et même récupérer certains communistes déçus. A l’heure actuelle, dans un contexte mondial libéral qui laisse sur le bord de la route les moins performants ou les plus faibles, sa position est pour le moins ambiguë. D’un côté, cette situation économique difficile peut être à son avantage. Les tribuns d’extrême droite ont de tous temps su tirer profit de crises similaires, pour désigner un bouc émissaire, responsable de tous les maux. Dans la pure tradition nationale-socialiste, Le Pen veut une libéralisation sélective et élitiste, et un socialisme patriote.

Des opposants comme atouts

Mais cet atout majeur n’est pas le seul avantage du leader frontiste. Nicolas Sarkozy, qui tente de s’approprier les sujets traditionnels de l’extrême droite (immigration, sécurité, karcher…) dans l’espoir de récupérer des voix, pourrait bien voir les choses tourner différemment. Ce pourrait fort bien être un effet inverse qui se produise. Le Pen le dit lui-même : « Pourquoi préférer la copie à l’original ? ». Qualifiant Sarkozy de « girouette », ses propos concernant l’actuel ministre de l’Intérieur se sont donc bornés à ceux d’un « génie » plagié.

Enfin, Jean-Marie Le Pen conserve l’un de ses atouts de toujours : il se présente comme le martyre de la république. Une fois de plus, la question des 500 signatures soulève les débats. Si Nicolas Sarkozy interdisait à mots couverts aux maires UMP de donner leur signature, Le Pen pourrait retourner la situation comme il l’a fait dans le passé, obtenir finalement les signatures et brandir les obstacles qui lui sont imposés comme autant de preuve de sa valeur. Mis au ban par la droite dite classique, il serait alors en position de victime, ce qui, automatiquement, aurait tendance à accroître le soutient qui lui est fait.

Imité mais jamais égalé dans ses propos ou ses ambitions, le chef de file de la France aux Français est à ce jour donné en tête pour le premier tour des élections présidentielles de 2007…Un goût amer de 2002 revient dans toutes les bouches, et un questionnement dans toutes les pensées …Et si, cette fois, la France ne se soulevait pas contre Le Pen, et si, cette fois, c’était « la bonne » ?

Diane Saint-Réquier

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