Troisième round décisif
Le troisième et dernier débat télévisé en direct opposera ce soir les trois candidats à l’investiture du PS . Après un premier débat plat et un second houleux, les thèmes de ce dernier risquent d’animer une fois de plus les discussions. Les questions internationales et environnementales sont en effet des sujets clé, sur lesquels chacun devra défendre sa position.
Huée lors du précédent débat télévisé, et sifflée par les militants, Ségolène Royal soutiendra tant bien que mal ses idées : une proposition de Constitution européenne plus sociale, et une position sur l’entrée de la Turquie dans l’union « identique à celle des Français ». Déjà taxée de populiste et de démagogue pour sa suggestion d’instaurer des jurys citoyens, gageons que ses opposants pour le titre sauront mettre à profit cette affirmation. Bien qu’elle soit en baisse dans les sondages, Ségolène Royal reste en tête, avec une majorité des fédérations socialistes derrière elle.
Deux challengers s’opposent
Quant à Dominique Strauss-Kahn , très à l’aise lors des précédents débats, il ne sera pas sur son terrain. En tant que candidat le plus libéral des socialistes, l’environnement n’est pas pour lui une priorité, mais un simple facteur économique et social inévitable. Pour ce qui est de ses positions sur les questions internationales, elles sont quasiment absentes, si l’on excepte son soutien marqué à la Constitution européenne. Reste qu’il est considéré comme le principal challenger face à Ségolène Royal .
Faites vos jeux !
Plusieurs scénarii se profilent à l’horizon 2007 pour le premier tour. Depuis des mois, les médias et les comptoirs de cafés sont au diapason : les gagnants du premier tour seront Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal . Or ce duel si attendu pourrait fort bien ne pas voir le jour.
A ma gauche, Ségolène Royal . C’est une femme (ce qui pourrait être anodin si le contexte international ne montrait pas un élan vers un renouveau féminisé de la politique) et, pour l’instant, elle est l’élue des sondages. Mais ce score ne cesse de baisser, et les reproches qui lui sont faits s’accumulent, laissant ses petits camarades du PS gagner du terrain. A tel point que l’investiture de Dominique Strauss-Kahn est une fois pour toute sortie du domaine de la science fiction pour se présenter comme une possibilité bien réelle. Au risque de braquer les antilibéraux qui ne soutiendraient certainement pas sa candidature s’il passait au premier tour.
A la gauche de la gauche, justement, ils pourraient rassembler 15% des voix. Seul problème : ils n’ont pas de candidat. Les Verts , Lutte Ouvrière ou encore la Ligue Communiste Révolutionnaire d’ Olivier Besancenot tentent de s’unir pour être plus forts. Jusqu’à présent, la détermination d’un programme commun, et l’élection d’un candidat hors des partis politiques n’ont pas été concrétisées. Cependant, ce mouvement, qui veut proposer des solutions alternatives au capitalisme est en plein essor. Le candidat commun pourrait être le populaire mais controversé José Bové ou la jeune Clémentine Autain , adjointe de Bertrand Delanoë, féministe et directrice du mensuel « Regards ».
Balle au centre
A ma droite, Nicolas Sarkozy. Il est présent, dans les sondages, sur le terrain, dans les médias…Trop présent peut-être, puisque beaucoup des Français ont le sentiment qu’il a commencé sa campagne avant l’heure, il y a longtemps déjà. Se fiant au proverbe de la Fontaine, le ministre de l’Intérieur a semble-t-il décidé qu’il valait mieux partir à temps. Il est pressenti comme un élément incontournable des élections 2007 mais chacune de ses prises de position, chacune de ses décisions, et même chacune de ses déclaration paraît provoquer des luttes intestines et fratricides à l’ UMP .
Par ailleurs, son domaine de prédilection en tant que ministre se posera sûrement en définitive comme un handicap : comment baser son programme sur l’insécurité tout en étant crédible ? Réponse : c’est impossible quand on est ministre de l’Intérieur depuis près de cinq ans et qu’on est censé avoir solutionné ce problème, et non pas l’avoir aggravé ! Apparemment, le petit Nicolas n’a pas que des copains sur les bancs de son propre parti et l’on évoque les possibles candidatures de Dominique de Villepin et de Michèle Alliot-Marie . Tentative de déstabilisation de la part des chiraquiens ou simple préambule à une guerre sans merci, seul l’avenir nous le dira.
A la droite de la droite : l’éternel leader du Front National Jean-Marie Le Pen persiste et signe un programme anti immigration. Ce qui semble lui réussir puisque les sondages lui attribuent plus de 16% des intentions de vote (qui ne prennent pas en compte les frontistes honteux). Quand on sait qu’en 2002, on avait prévu 10% pour le Front National et qu’il en a eu plus de 20, le calcul fait froid dans le dos. D’autant plus que certains parlent d’empêcher sa candidature sur une formalité administrative, ce qui pourrait une fois de plus lui permettre de jouer son rôle favori : celui de martyre d’une démocratie biaisée.
Au centre enfin, un rebondissement inattendu : François Bayrou monte en flèche, avec une hausse de 12 points, dont quatre en un mois. Du jamais vu pour le président de l’ UDF . Il semblerait que les Français, lassés d’une gauche par trop éparpillée et d’une droite qui n’en finit pas de se tirer dans les pattes, auraient donné le verdict : balle au centre.
Les paris restent ouverts pour 2007. Entre les joueurs confirmés et les challengers, les hommes et les femmes, la situation change tous les jours et tout semble être possible. Les sondages fluctuent, les informations se superposent et se contredisent…Les investitures dans les mois à venir devraient permettre d’y voir plus clair dans le flou actuel et de discerner plus distinctement la situation de chaque candidat.
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