Le mal aimé de l’UMP
Le leader de l’UMP, décrit par certains comme le « candidat naturel »du parti est pourtant décrié à mots à peine couverts par d’autres. Ainsi Dominique de Villepin déclarait-il dimanche que « rien [n’était] joué », en ajoutant, de manière assez contradictoire qu’il faudrait rassembler » et qu’il se refusait aux « querelles de personnes ». Il est vrai que ces propos faisaient suite à la déconfiture subie par sa collègue chiraquienne Michèle Alliot-Marie lors du conseil national du parti qui avait lieu jeudi. La ministre de la Défense avait provoqué l’ire des sarkozystes en taquinant leur leader sur un terrain qui lui est problématique : l’électorat des jeunes.
Duel à trois
Depuis quelques temps, le candidat annoncé se trouve malmené par ce duo puissant et chiraquien : le Premier ministre et la ministre de la Défense. Ce binôme ne vise peut-être pas une candidature égalitaire vis-à-vis de Sarkozy mais une simple candidature dite de nuisance. D’autres candidats à l’investiture se sont fait entendre : Christine Boutin et Nicolas Dupont-Aignan. Ces deux candidatures plutôt mineures pourraient s’avérer n’être que des rouages du mécanisme mis en place par ses opposants pour évincer Sarkozy. En effet, si le président du parti et favori des sondages se trouvait face à ces deux candidats pour le premier tour, il ne fait aucun doute qu’il obtiendrait un score ahurissant, de l’ordre de 90 ou 95%. Ce manque d’équité des adversaires pourrait alors réveiller l’opinion publique de droite, qui réclamerait un débat plus équilibré…Rentrerait alors en scène un candidat extérieur, soutenu par les chiraquiens, qui, dans la pure tradition gaulliste, représenterait la nation.
Hormis des implications peu claires pendant le grand boum de l’affaire Clearstream, les deux compères gaullistes chiraquiens n’en sont pas à leur coup d’essai dans la déstabilisation du chef de file de la droite classique. Il y a peu, ils avaient tenté d’interdire aux maires de leur parti de donner leurs signatures au Front National. Une absence de l’extrême droite lors des présidentielles aurait alors obligé Sarkozy à se positionner plus à droite encore qu’à l’heure actuelle, ce qui aurait ouvert la porte à une candidature chiraquienne, de droite dite « classique ».
Il est par ailleurs possible d’imaginer que l’échec de Sarkozy pourrait profiter au plus haut fonctionnaire de l’Etat, Jacques Chirac espérant peut-être encore pouvoir sauver son rêve de retraite paisible au soleil, loin des tracasseries administratives que constituent les diverses poursuites qui l’attendent au sortir de l’Elysée.
Tempérons cependant ces divergences. Il semblerait que Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale veuille établir une trêve. Ne sachant probablement plus à quel « saint » se vouer, il aurait invité le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur à une « conciliation ». Les dissensions de la « Famille » UMP y prendront-elles fin ? Un doute subsiste après les récents propos des principaux intéressés.
Vu de l’Intérieur
Assailli au sein de son parti, Nicolas Sarkozy est aussi remis en question dans sa fonction de ministre de l’Intérieur. La loi dite de prévention de la délinquance examinée mardi à l’Assemblée Nationale lui attire d’ores et déjà de nouveaux ennuis et de nouveaux ennemis. L’opposition, mais aussi de nombreux médecins, juges et citoyens se disent choqués par ce projet de loi. Bien que tempéré par rapport au projet initial, le texte poserait tout de même de sérieux problèmes déontologiques et éthiques. Un collectif national unitaire de résistance à la délation a même été créé en réponse à la loi à l’initiative de plusieurs groupes syndicaux. A l’approche de la réunion annuelle de l’association des maires de France (AMF), la discussion sur le texte est plutôt malvenue puisque les édiles y sont pour la plupart farouchement opposés. S’il passait, le texte les mettrait en position centrale dans la lutte contre la délinquance, sans pour autant que leur soient impartis les moyens nécessaires.
Le garde des Sceaux s’est, lui aussi, révélé virulent dans ses propos concernant la loi de prévention de la délinquance. Il a qualifié d’anticonstitutionnel le principe des peines planchers (rappelons que celui-ci existait auparavant mais avait été aboli). Le ministre de la Justice a même déclaré que la candidature de Michèle Alliot-Marie serait souhaitable, concordant ainsi avec d’autres chiraquiens qui accusaient Sarkozy de refuser le débat interne. Le courroux de Pascal Clément s’explique sans doute aussi par les incursions répétées de l’incriminé dans son domaine. Récemment, Nicolas Sarkozy était intervenu en faveur d’un commerçant qui avait abattu l’homme qui l’avait cambriolé. Déclarant qu’il s’agissait de légitime défense, le ministre de l’Intérieur avait ainsi outrepassé ses droits, enjambant allègrement la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Au-delà de ces principes très honorables, il semblerait aussi que le très chiraquien Pascal Clément ait jeté son dévolu sur une place au Conseil Constitutionnel et qu’il ait besoin pour y accéder du soutient appuyé du chef de l’Etat actuel.
Nicolas Sarkozy serait, si l’on en croit l’opinion publique, les villepinistes et l’opposition, le mal-aimé de tous…Après certains dérapages au Karcher et une série de projets de loi impopulaires dont la dernière en date sur la prévention de la délinquance, contre toute attente, Sarkozy est encore en bonne position dans les sondages. Refusant, en apparence, de se plier à ce qu’on attend de lui, le premier flic de France joue le cow-boy des temps modernes, incorruptible envers et contre tout. Ca agace, certes, ça énerve, surement, mais il semblerait que ça lui réussisse malgré tout…Gare à vous indiens !
Diane Saint-Réquier
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