José Bové se retire de la liste des candidats à l’investiture de la gauche antilibérale. Indigné par la mainmise de Marie-George Buffet et de son parti, il pourrait cependant revenir en cas de départ de la secrétaire générale du Parti Communiste Français (PCF). Il rejoint dans cette position le facteur Olivier Besancenot, leader de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR). Marie-George Buffet voudrait représenter une candidature unitaire de la gauche antilibérale, apte à transcender les clivages partisans…Difficilement crédible étant donné sa position. Pour le co-fondateur de la Confédération paysanne, il est impossible qu’un ou une candidat(e) issu(e) d’un parti puisse représenter l’ensemble des sensibilités englobées dans le mouvement unitaire de gauche. Pour compléter le tableau et sa stratégie qui s’apparente à de l’entrisme, la secrétaire générale du PCF a aussi fait main basse sur les différents collectifs régionaux, lesquels sont parfois artificiels puisqu’uniquement composés d’adhérents de son parti. Malgré un score lilliputien (3.83%) lors des dernières élections présidentielles, le PCF croit visiblement encore en son pouvoir et ne joue pas en faveur du rassemblement. Pour éviter un nouvel échec de la gauche antilibérale, l’union serait pourtant la seule solution, puisque ce rassemblement a un potentiel de près de 15% d’intentions de votes. En revanche, si les candidats de cette mouvance se présentent séparément, leur poids sera insignifiant, de l’ordre de 3% chacun.
Le moustachu se rebiffe
C’est pourquoi le fameux moustachu José Bové et le porte parole de la LCR Olivier Besancenot tentent de se soulever contre l’influence quasi tentaculaire du PCF sur la dynamique lancée lors du référendum sur la Constitution européenne. Les communistes ne sont pas les seuls acteurs dans cette lutte contre la mondialisation et le libéralisme. Ainsi, une partie des Verts, d’Attac et de la LCR est aussi présente, de même que des personnalités ou inconnus non affiliés.
Clémentine Autain, de loin la candidate la plus jeune de la gauche antilibérale, est apparentée PCF mais ne fait pas officiellement partie des rangs communistes, ce qui pourrait faire d’elle le nouveau visage de cette tendance politique auprès des jeunes, qui représentent une bonne partie de l’électorat d’extrême gauche. Cependant, le charismatique José Bové, lui aussi indépendant de tout parti, semblait, avant son départ, prendre la meilleure place dans les intentions de vote à gauche de la gauche. Bien que ses capacités de travail soient reconnues dans le cadre de la fondation Copernic, Yves Salesse, un autre candidat, manque de présence et d’envergure. Patrick Braouezec enfin, député du groupe communiste et républicain, ne convainc pas les masses. Absent des médias et inconnu des collectifs, ses chances, si elles ne sont pas nulles, restent faibles malgré tout.
Obstacle Royal, obstacle ouvrier
Les querelles internes ne seront surement pas les seuls obstacles à se présenter sur la route des antilibéraux. En effet, après l’investiture de Ségolène Royal, il pourrait y avoir un appel à un « vote utile », un vote unitaire à gauche derrière le Parti socialiste (PS). Après des élections 2002 qui se sont illustrées par l’éparpillement des votes dans les extrêmes et notamment à gauche, il se pourrait que les Français se rapprochent du parti qui rassemble le plus à gauche : le PS. Les Verts, la LCR et Lutte Ouvrière d’Arlette Laguiller (dont c’est la sixième candidature à la présidentielle) pourraient eux aussi jouer un rôle important dans le positionnement du mouvement unitaire altermondialiste et antilibéral au milieu de la jungle des élections présidentielles. En effet leur absence ou leur présence dans le groupement pourrait bien faire basculer la balance électorale.
Mais cette mouvance altermondialiste qui fait tant parler d’elle de par les débats en son sein a-t-elle un vrai programme ? Et quel est-il ? Parmi les propositions des altermondialistes on retrouve une augmentation immédiate du Smig à 1500 euros, une baisse du temps de travail à 32 heures (pour José Bové), le passage à la sixième République ou encore un refus des logiques libérales comme le dumping social. Les discussions ont été ouvertes sur plusieurs sujets et chaque collectif régional et chaque individu peut donner son avis. A l’heure actuelle, les principaux débats portent sur les privatisations, la laïcité, l’environnement (et plus particulièrement le nucléaire) ou encore les nouvelles technologies. On peut également retrouver une ligne idéologique semblable à celle de l’association Attac. En effet, les idées égalitaires et solidaires de l’association sont omniprésentes dans le projet / proposition à gauche de la gauche.
Le candidat unitaire de la gauche antilibérale devrait être désigné début décembre. En attendant, la tension monte sous la pression du charismatique José Bové et de l’auto-désignée Marie-George Buffet. Si Buffet est élue, il pourrait y avoir une rébellion du reste du mouvement qui ne s’identifierait pas. Ce serait la fin de la belle idée du rassemblement. Si elle se retire et que Bové est choisi, son charisme national ne suffirait sans doute pas à faire de lui un présidentiable crédible. Enfin, si la jeune Clémentine Autain était élue, son titre d’apparentée PC pourrait lui porter préjudice auprès d’un électorat qui cherche l’innovation. Impossible en somme de deviner le dénouement de cette situation inextricable.
*Arthur Rimbaud, Le Buffet
Diane Saint-Réquier
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