samedi 2 décembre 2006

« Ô Buffet du vieux temps… »*

José Bové se retire de la liste des candidats à l’investiture de la gauche antilibérale. Indigné par la mainmise de Marie-George Buffet et de son parti, il pourrait cependant revenir en cas de départ de la secrétaire générale du Parti Communiste Français (PCF). Il rejoint dans cette position le facteur Olivier Besancenot, leader de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR).

Marie-George Buffet voudrait représenter une candidature unitaire de la gauche antilibérale, apte à transcender les clivages partisans…Difficilement crédible étant donné sa position. Pour le co-fondateur de la Confédération paysanne, il est impossible qu’un ou une candidat(e) issu(e) d’un parti puisse représenter l’ensemble des sensibilités englobées dans le mouvement unitaire de gauche. Pour compléter le tableau et sa stratégie qui s’apparente à de l’entrisme, la secrétaire générale du PCF a aussi fait main basse sur les différents collectifs régionaux, lesquels sont parfois artificiels puisqu’uniquement composés d’adhérents de son parti. Malgré un score lilliputien (3.83%) lors des dernières élections présidentielles, le PCF croit visiblement encore en son pouvoir et ne joue pas en faveur du rassemblement. Pour éviter un nouvel échec de la gauche antilibérale, l’union serait pourtant la seule solution, puisque ce rassemblement a un potentiel de près de 15% d’intentions de votes. En revanche, si les candidats de cette mouvance se présentent séparément, leur poids sera insignifiant, de l’ordre de 3% chacun.

Le moustachu se rebiffe

C’est pourquoi le fameux moustachu José Bové et le porte parole de la LCR Olivier Besancenot tentent de se soulever contre l’influence quasi tentaculaire du PCF sur la dynamique lancée lors du référendum sur la Constitution européenne. Les communistes ne sont pas les seuls acteurs dans cette lutte contre la mondialisation et le libéralisme. Ainsi, une partie des Verts, d’Attac et de la LCR est aussi présente, de même que des personnalités ou inconnus non affiliés.

Clémentine Autain, de loin la candidate la plus jeune de la gauche antilibérale, est apparentée PCF mais ne fait pas officiellement partie des rangs communistes, ce qui pourrait faire d’elle le nouveau visage de cette tendance politique auprès des jeunes, qui représentent une bonne partie de l’électorat d’extrême gauche. Cependant, le charismatique José Bové, lui aussi indépendant de tout parti, semblait, avant son départ, prendre la meilleure place dans les intentions de vote à gauche de la gauche. Bien que ses capacités de travail soient reconnues dans le cadre de la fondation Copernic, Yves Salesse, un autre candidat, manque de présence et d’envergure. Patrick Braouezec enfin, député du groupe communiste et républicain, ne convainc pas les masses. Absent des médias et inconnu des collectifs, ses chances, si elles ne sont pas nulles, restent faibles malgré tout.

Obstacle Royal, obstacle ouvrier

Les querelles internes ne seront surement pas les seuls obstacles à se présenter sur la route des antilibéraux. En effet, après l’investiture de Ségolène Royal, il pourrait y avoir un appel à un « vote utile », un vote unitaire à gauche derrière le Parti socialiste (PS). Après des élections 2002 qui se sont illustrées par l’éparpillement des votes dans les extrêmes et notamment à gauche, il se pourrait que les Français se rapprochent du parti qui rassemble le plus à gauche : le PS. Les Verts, la LCR et Lutte Ouvrière d’Arlette Laguiller (dont c’est la sixième candidature à la présidentielle) pourraient eux aussi jouer un rôle important dans le positionnement du mouvement unitaire altermondialiste et antilibéral au milieu de la jungle des élections présidentielles. En effet leur absence ou leur présence dans le groupement pourrait bien faire basculer la balance électorale.

Mais cette mouvance altermondialiste qui fait tant parler d’elle de par les débats en son sein a-t-elle un vrai programme ? Et quel est-il ? Parmi les propositions des altermondialistes on retrouve une augmentation immédiate du Smig à 1500 euros, une baisse du temps de travail à 32 heures (pour José Bové), le passage à la sixième République ou encore un refus des logiques libérales comme le dumping social. Les discussions ont été ouvertes sur plusieurs sujets et chaque collectif régional et chaque individu peut donner son avis. A l’heure actuelle, les principaux débats portent sur les privatisations, la laïcité, l’environnement (et plus particulièrement le nucléaire) ou encore les nouvelles technologies. On peut également retrouver une ligne idéologique semblable à celle de l’association Attac. En effet, les idées égalitaires et solidaires de l’association sont omniprésentes dans le projet / proposition à gauche de la gauche.

Le candidat unitaire de la gauche antilibérale devrait être désigné début décembre. En attendant, la tension monte sous la pression du charismatique José Bové et de l’auto-désignée Marie-George Buffet. Si Buffet est élue, il pourrait y avoir une rébellion du reste du mouvement qui ne s’identifierait pas. Ce serait la fin de la belle idée du rassemblement. Si elle se retire et que Bové est choisi, son charisme national ne suffirait sans doute pas à faire de lui un présidentiable crédible. Enfin, si la jeune Clémentine Autain était élue, son titre d’apparentée PC pourrait lui porter préjudice auprès d’un électorat qui cherche l’innovation. Impossible en somme de deviner le dénouement de cette situation inextricable.


*Arthur Rimbaud, Le Buffet

Diane Saint-Réquier

Le mal aimé de l’UMP

Comment être populiste et impopulaire ? A croire que Nicolas Sarkozy a trouvé la formule. S’il reste en vogue dans les sondages, le président de l’UMP n’en est pas moins attaqué par son parti, les médias et même par certains de ses confrères ministres.


Le leader de l’UMP, décrit par certains comme le « candidat naturel »du parti est pourtant décrié à mots à peine couverts par d’autres. Ainsi Dominique de Villepin déclarait-il dimanche que « rien [n’était] joué », en ajoutant, de manière assez contradictoire qu’il faudrait rassembler » et qu’il se refusait aux « querelles de personnes ». Il est vrai que ces propos faisaient suite à la déconfiture subie par sa collègue chiraquienne Michèle Alliot-Marie lors du conseil national du parti qui avait lieu jeudi. La ministre de la Défense avait provoqué l’ire des sarkozystes en taquinant leur leader sur un terrain qui lui est problématique : l’électorat des jeunes.

Duel à trois


Depuis quelques temps, le candidat annoncé se trouve malmené par ce duo puissant et chiraquien : le Premier ministre et la ministre de la Défense. Ce binôme ne vise peut-être pas une candidature égalitaire vis-à-vis de Sarkozy mais une simple candidature dite de nuisance. D’autres candidats à l’investiture se sont fait entendre : Christine Boutin et Nicolas Dupont-Aignan. Ces deux candidatures plutôt mineures pourraient s’avérer n’être que des rouages du mécanisme mis en place par ses opposants pour évincer Sarkozy. En effet, si le président du parti et favori des sondages se trouvait face à ces deux candidats pour le premier tour, il ne fait aucun doute qu’il obtiendrait un score ahurissant, de l’ordre de 90 ou 95%. Ce manque d’équité des adversaires pourrait alors réveiller l’opinion publique de droite, qui réclamerait un débat plus équilibré…Rentrerait alors en scène un candidat extérieur, soutenu par les chiraquiens, qui, dans la pure tradition gaulliste, représenterait la nation.


Hormis des implications peu claires pendant le grand boum de l’affaire Clearstream, les deux compères gaullistes chiraquiens n’en sont pas à leur coup d’essai dans la déstabilisation du chef de file de la droite classique. Il y a peu, ils avaient tenté d’interdire aux maires de leur parti de donner leurs signatures au Front National. Une absence de l’extrême droite lors des présidentielles aurait alors obligé Sarkozy à se positionner plus à droite encore qu’à l’heure actuelle, ce qui aurait ouvert la porte à une candidature chiraquienne, de droite dite « classique ».

Il est par ailleurs possible d’imaginer que l’échec de Sarkozy pourrait profiter au plus haut fonctionnaire de l’Etat, Jacques Chirac espérant peut-être encore pouvoir sauver son rêve de retraite paisible au soleil, loin des tracasseries administratives que constituent les diverses poursuites qui l’attendent au sortir de l’Elysée.


Tempérons cependant ces divergences. Il semblerait que Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale veuille établir une trêve. Ne sachant probablement plus à quel « saint » se vouer, il aurait invité le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur à une « conciliation ». Les dissensions de la « Famille » UMP y prendront-elles fin ? Un doute subsiste après les récents propos des principaux intéressés.

Vu de l’Intérieur


Assailli au sein de son parti, Nicolas Sarkozy est aussi remis en question dans sa fonction de ministre de l’Intérieur. La loi dite de prévention de la délinquance examinée mardi à l’Assemblée Nationale lui attire d’ores et déjà de nouveaux ennuis et de nouveaux ennemis. L’opposition, mais aussi de nombreux médecins, juges et citoyens se disent choqués par ce projet de loi. Bien que tempéré par rapport au projet initial, le texte poserait tout de même de sérieux problèmes déontologiques et éthiques. Un collectif national unitaire de résistance à la délation a même été créé en réponse à la loi à l’initiative de plusieurs groupes syndicaux. A l’approche de la réunion annuelle de l’association des maires de France (AMF), la discussion sur le texte est plutôt malvenue puisque les édiles y sont pour la plupart farouchement opposés. S’il passait, le texte les mettrait en position centrale dans la lutte contre la délinquance, sans pour autant que leur soient impartis les moyens nécessaires.

Le garde des Sceaux s’est, lui aussi, révélé virulent dans ses propos concernant la loi de prévention de la délinquance. Il a qualifié d’anticonstitutionnel le principe des peines planchers (rappelons que celui-ci existait auparavant mais avait été aboli). Le ministre de la Justice a même déclaré que la candidature de Michèle Alliot-Marie serait souhaitable, concordant ainsi avec d’autres chiraquiens qui accusaient Sarkozy de refuser le débat interne. Le courroux de Pascal Clément s’explique sans doute aussi par les incursions répétées de l’incriminé dans son domaine. Récemment, Nicolas Sarkozy était intervenu en faveur d’un commerçant qui avait abattu l’homme qui l’avait cambriolé. Déclarant qu’il s’agissait de légitime défense, le ministre de l’Intérieur avait ainsi outrepassé ses droits, enjambant allègrement la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Au-delà de ces principes très honorables, il semblerait aussi que le très chiraquien Pascal Clément ait jeté son dévolu sur une place au Conseil Constitutionnel et qu’il ait besoin pour y accéder du soutient appuyé du chef de l’Etat actuel.

Nicolas Sarkozy serait, si l’on en croit l’opinion publique, les villepinistes et l’opposition, le mal-aimé de tous…Après certains dérapages au Karcher et une série de projets de loi impopulaires dont la dernière en date sur la prévention de la délinquance, contre toute attente, Sarkozy est encore en bonne position dans les sondages. Refusant, en apparence, de se plier à ce qu’on attend de lui, le premier flic de France joue le cow-boy des temps modernes, incorruptible envers et contre tout. Ca agace, certes, ça énerve, surement, mais il semblerait que ça lui réussisse malgré tout…Gare à vous indiens !


Diane Saint-Réquier

Sarkozy contre attaque

L’actuel ministre de l’Intérieur était reçu jeudi soir par Patrick poivre d’Arvor au journal télévisé de vingt heure sur TF1.

Malgré les question répétées du présentateur, Nicolas Sarkozy ne s’est pas déclaré officiellement candidat à la candidature, il s’est contenté de dire « je réserve cette réponse à la semaine prochaine ».Durant l’entretien, le président de l’UMP a rappelé qu’il était arrivé à ce poste « de manière démocratique » c'est-à-dire « élu par les adhérents » qui seraient d’ailleurs passés de 114 000 à 294 000 depuis qu’il est arrivé dans le parti.

Les potentiels adversaires de Nicolas Sarkozy au sein de l’UMP ont été qualifiés d’« amis » et de « gens de qualité ». En revanche il a accusé Ségolène Royal d’attendre toutes les réponses du peuple Français, alors que celui-ci aurait besoin d’un candidat « qui rassemble et qui rassure ».Ila par ailleurs déploré une absence de débat au sein du Parti Socialiste et souhaité qu’au sein de son parti, « chacun soit libre de se déterminer et puisse apporter sa contribution ».

Le ministre de l’Intérieur a également déclaré qu’il était grave qu’un Français sur deux ne vote pas et que le peuple français voulait qu’on les protège, qu’on leur offre « un avenir qui soit une espérance et une promesse, alors qu’aujourd’hui c’est une menace ». Enfin, il a décrit le poste de président de la République comme « le choix d’une vie » et « un engagement ».

Diane Saint-Réquier

Et ça continue encore et encore…

Le Pen tient bon. A 78 ans, le leader vieillissant du Front National a changé la forme de son discours mais le fonds reste le même. Il présentait dimanche au Bourget son programme, sans oublier un réquisitoire contre les autres candidats. Entre 6000 et 7000 militants de tous âges étaient venus acclamer leur meneur.

Le programme pour ces présidentielles reste sensiblement le même qu’en 2002 : lutte contre l’immigration, libéralisation extrême des régimes fiscaux, et priorité aux Français pour les avantages sociaux. On retrouve également le thème des frontières qu’il souhaite restaurer au sein d’une « Europe des nations ».Si l’on ajoute à cela un désir de retour de la peine de mort ou encore de retour du Franc, c’est un véritable voyage dans le passé que propose Le Pen père.

Un changement au niveau de la ligne de communication du parti se fait cependant sentir. Entraîné par le nouveau directeur de ce département choisi par sa fille Marine, le parti d’extrême droite prend, en apparence, ses distances avec les partis catholiques intégristes. Ainsi, certains sujets de société pourtant traditionnels de l’extrême droite comme l’avortement ou le Pacs, susceptibles de contrarier un électorat potentiel, restent sous couvert.

L’ami des suffragettes

Depuis qu’il s’est présenté pour la première fois en 1974, Le Pen n’a cessé d’augmenter sa part dans les suffrages. Parti d’un score insignifiant, il arrive en 2002 à près de 18% des voix au second tour des élections présidentielles. Cette inquiétante tendance amorcée depuis 1988, où il a pour la première fois dépassé la barre des 10% se confirme. A chaque élection, Le Pen gagne du terrain. Ce phénomène persiste et croît bien que les voix de l’extrême droite soient systématiquement minorées, du fait d’un électorat souvent honteux. Ce ne sont d’ailleurs que 6000 militants qui acclamaient le leader lors du grand meeting de dimanche.


Le Pen est un fédérateur. En 1972, il avait déjà réussi à rassembler en un unique parti des dizaines de groupuscules d’extrême droite aux idées différentes, et même récupérer certains communistes déçus. A l’heure actuelle, dans un contexte mondial libéral qui laisse sur le bord de la route les moins performants ou les plus faibles, sa position est pour le moins ambiguë. D’un côté, cette situation économique difficile peut être à son avantage. Les tribuns d’extrême droite ont de tous temps su tirer profit de crises similaires, pour désigner un bouc émissaire, responsable de tous les maux. Dans la pure tradition nationale-socialiste, Le Pen veut une libéralisation sélective et élitiste, et un socialisme patriote.

Des opposants comme atouts

Mais cet atout majeur n’est pas le seul avantage du leader frontiste. Nicolas Sarkozy, qui tente de s’approprier les sujets traditionnels de l’extrême droite (immigration, sécurité, karcher…) dans l’espoir de récupérer des voix, pourrait bien voir les choses tourner différemment. Ce pourrait fort bien être un effet inverse qui se produise. Le Pen le dit lui-même : « Pourquoi préférer la copie à l’original ? ». Qualifiant Sarkozy de « girouette », ses propos concernant l’actuel ministre de l’Intérieur se sont donc bornés à ceux d’un « génie » plagié.

Enfin, Jean-Marie Le Pen conserve l’un de ses atouts de toujours : il se présente comme le martyre de la république. Une fois de plus, la question des 500 signatures soulève les débats. Si Nicolas Sarkozy interdisait à mots couverts aux maires UMP de donner leur signature, Le Pen pourrait retourner la situation comme il l’a fait dans le passé, obtenir finalement les signatures et brandir les obstacles qui lui sont imposés comme autant de preuve de sa valeur. Mis au ban par la droite dite classique, il serait alors en position de victime, ce qui, automatiquement, aurait tendance à accroître le soutient qui lui est fait.

Imité mais jamais égalé dans ses propos ou ses ambitions, le chef de file de la France aux Français est à ce jour donné en tête pour le premier tour des élections présidentielles de 2007…Un goût amer de 2002 revient dans toutes les bouches, et un questionnement dans toutes les pensées …Et si, cette fois, la France ne se soulevait pas contre Le Pen, et si, cette fois, c’était « la bonne » ?

Diane Saint-Réquier

Troisième round décisif

Le troisième et dernier débat télévisé en direct opposera ce soir les trois candidats à l’investiture du PS . Après un premier débat plat et un second houleux, les thèmes de ce dernier risquent d’animer une fois de plus les discussions. Les questions internationales et environnementales sont en effet des sujets clé, sur lesquels chacun devra défendre sa position.


Huée lors du précédent débat télévisé, et sifflée par les militants, Ségolène Royal soutiendra tant bien que mal ses idées : une proposition de Constitution européenne plus sociale, et une position sur l’entrée de la Turquie dans l’union « identique à celle des Français ». Déjà taxée de populiste et de démagogue pour sa suggestion d’instaurer des jurys citoyens, gageons que ses opposants pour le titre sauront mettre à profit cette affirmation. Bien qu’elle soit en baisse dans les sondages, Ségolène Royal reste en tête, avec une majorité des fédérations socialistes derrière elle.


Deux challengers s’opposent

Laurent Fabius , visiblement déterminé à s’imposer sur le terrain de l’environnement, a déclaré hier que s’il était élu, le numéro deux de son gouvernement ne serait autre que Nicolas Hulot , auteur du récent pacte pour l’environnement remis au Premier ministre. Bien que peu réaliste, cette idée pourrait jouer en sa faveur. Par ailleurs, sa position à gauche du PS , et par conséquent, son potentiel de ralliement des antilibéraux pourrait aussi tourner à son avantage. Et ce malgré le clivage entre lui et la majorité du parti concernant la Constitution européenne. Laurent Fabius a donc aussi son mot à dire sur l’international d’autant plus qu’il est le seul à avoir occupé la fonction de Premier ministre dans le passé. Blanchi par la justice dans les affaires du Rainbow Warrior et du sang contaminé, rien ne semble s’opposer à son élection par les militants…Si ce n’est un charisme que d’aucuns jugent insignifiant voire même absent.


Quant à Dominique Strauss-Kahn , très à l’aise lors des précédents débats, il ne sera pas sur son terrain. En tant que candidat le plus libéral des socialistes, l’environnement n’est pas pour lui une priorité, mais un simple facteur économique et social inévitable. Pour ce qui est de ses positions sur les questions internationales, elles sont quasiment absentes, si l’on excepte son soutien marqué à la Constitution européenne. Reste qu’il est considéré comme le principal challenger face à Ségolène Royal .


Faites vos jeux !


Plusieurs scénarii se profilent à l’horizon 2007 pour le premier tour. Depuis des mois, les médias et les comptoirs de cafés sont au diapason : les gagnants du premier tour seront Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal . Or ce duel si attendu pourrait fort bien ne pas voir le jour.


A ma gauche, Ségolène Royal . C’est une femme (ce qui pourrait être anodin si le contexte international ne montrait pas un élan vers un renouveau féminisé de la politique) et, pour l’instant, elle est l’élue des sondages. Mais ce score ne cesse de baisser, et les reproches qui lui sont faits s’accumulent, laissant ses petits camarades du PS gagner du terrain. A tel point que l’investiture de Dominique Strauss-Kahn est une fois pour toute sortie du domaine de la science fiction pour se présenter comme une possibilité bien réelle. Au risque de braquer les antilibéraux qui ne soutiendraient certainement pas sa candidature s’il passait au premier tour.


A la gauche de la gauche, justement, ils pourraient rassembler 15% des voix. Seul problème : ils n’ont pas de candidat. Les Verts , Lutte Ouvrière ou encore la Ligue Communiste Révolutionnaire d’ Olivier Besancenot tentent de s’unir pour être plus forts. Jusqu’à présent, la détermination d’un programme commun, et l’élection d’un candidat hors des partis politiques n’ont pas été concrétisées. Cependant, ce mouvement, qui veut proposer des solutions alternatives au capitalisme est en plein essor. Le candidat commun pourrait être le populaire mais controversé José Bové ou la jeune Clémentine Autain , adjointe de Bertrand Delanoë, féministe et directrice du mensuel « Regards ».


Balle au centre


A ma droite, Nicolas Sarkozy. Il est présent, dans les sondages, sur le terrain, dans les médias…Trop présent peut-être, puisque beaucoup des Français ont le sentiment qu’il a commencé sa campagne avant l’heure, il y a longtemps déjà. Se fiant au proverbe de la Fontaine, le ministre de l’Intérieur a semble-t-il décidé qu’il valait mieux partir à temps. Il est pressenti comme un élément incontournable des élections 2007 mais chacune de ses prises de position, chacune de ses décisions, et même chacune de ses déclaration paraît provoquer des luttes intestines et fratricides à l’ UMP .

Par ailleurs, son domaine de prédilection en tant que ministre se posera sûrement en définitive comme un handicap : comment baser son programme sur l’insécurité tout en étant crédible ? Réponse : c’est impossible quand on est ministre de l’Intérieur depuis près de cinq ans et qu’on est censé avoir solutionné ce problème, et non pas l’avoir aggravé ! Apparemment, le petit Nicolas n’a pas que des copains sur les bancs de son propre parti et l’on évoque les possibles candidatures de Dominique de Villepin et de Michèle Alliot-Marie . Tentative de déstabilisation de la part des chiraquiens ou simple préambule à une guerre sans merci, seul l’avenir nous le dira.


A la droite de la droite : l’éternel leader du Front National Jean-Marie Le Pen persiste et signe un programme anti immigration. Ce qui semble lui réussir puisque les sondages lui attribuent plus de 16% des intentions de vote (qui ne prennent pas en compte les frontistes honteux). Quand on sait qu’en 2002, on avait prévu 10% pour le Front National et qu’il en a eu plus de 20, le calcul fait froid dans le dos. D’autant plus que certains parlent d’empêcher sa candidature sur une formalité administrative, ce qui pourrait une fois de plus lui permettre de jouer son rôle favori : celui de martyre d’une démocratie biaisée.


Au centre enfin, un rebondissement inattendu : François Bayrou monte en flèche, avec une hausse de 12 points, dont quatre en un mois. Du jamais vu pour le président de l’ UDF . Il semblerait que les Français, lassés d’une gauche par trop éparpillée et d’une droite qui n’en finit pas de se tirer dans les pattes, auraient donné le verdict : balle au centre.


Les paris restent ouverts pour 2007. Entre les joueurs confirmés et les challengers, les hommes et les femmes, la situation change tous les jours et tout semble être possible. Les sondages fluctuent, les informations se superposent et se contredisent…Les investitures dans les mois à venir devraient permettre d’y voir plus clair dans le flou actuel et de discerner plus distinctement la situation de chaque candidat.

Diane Saint-Réquier